Les trente années glorieuses de la république du Liban s’achèvent par la guerre en 1975. Surviennent après cette période les milices des forces émergentes et son corrélat du partage géographique et social. Pour répondre au collapse des institutions symboliques, on assiste à la naissance d’une langue provocatrice dont on rencontre une anticipation dans les inventions littéraires des grands auteurs (Ionesco, Céline).
Les auteurs de cet ouvrage avancent que ce qui a permis au vivre-ensemble libanais de résister aux colonisations, à la domination du discours capitaliste, puis au désastre de la guerre, procède d’une tournure de l’esprit relevant de la farce. Conçue dans cet ouvrage comme une modalité contemporaine du rire, elle semble être une réponse à la faillite des ontologies au temps de la postmodernité. Or ce style subjectif, tel qu’il apparaît dans le parler des sujets libanais, loin d’être une idiosyncrasie libanaise, une sorte de « folie » isolée, pourrait être annonciateur d’un mode d’être voué à se généraliser bien au-delà des frontières du Liban.