Peut-on poser l’hypothèse du caractère fantasmatique des récits de voyage à l’époque romantique ? Le présent ouvrage se propose de reprendre les arguments qui plaident en faveur d’une dimension imaginaire du voyage, à partir de grands textes de la première moitié du XIXe siècle par Chateaubriand, Lamartine, Nerval, Flaubert, Hugo, Stendhal, Gautier, Dumas. Sont ainsi explorés les thématiques et le rapport à l’autobiographie, mais aussi l’écho intertextuel d’un voyage à l’autre, qui modifie profondément la conception que les œuvres postérieures à l’Itinéraire de Paris à Jérusalem proposent de l’appréhension du monde, du rapport aux populations et à soi-même.
On verra qu’outre l’illusion volontaire qui tente le voyageur, celui-ci se débarrasse à l’occasion d’une réalité importune pour l’intégrer à ses fantasmagories et en faire un usage enfin satisfaisant, ce qui permet de replacer la question sur le plan de la littérature : avec la correspondance entre le voyage rêvé et le voyage réel, il faut compter les récits de fiction, récits imaginaires et « livres à faire », qui parsèment les récits. Le voyage apparaît ainsi comme une stimulation littéraire avant d’être la matière d’un livre.
* Note de lecture sur le site « Le français à l’université«