Longtemps, le monument (le mot et la chose) n’a pas été seulement affaire d’architecture, de vastes proportions ou de patrimoine – mais de mémoire, toujours. De la Renaissance à la Révolution, la richesse sémantique de monumentum en latin a fondé dans la littérature, dans la pensée et dans les arts l’omniprésence du monument comme témoignage, tombeau, trace mémorielle (de quelque ordre qu’elle soit) entre passé et futur, présence de ce qui n’est plus, à la fois figure (image, objet) et parole (inscription, voix d’au-delà), asile des affects, ciment d’une communauté.
Les études réunies dans ce volume considèrent sous différents angles les représentations du monument à l’âge classique. Dans une culture héritière de l’Antiquité, le monument est à la fois sacralisé (dans la poésie) et dévalué (par la philosophie). Au croisement du religieux, du social et de l’esthétique, la notion de monument organise en profondeur rites et discours funèbres. Mais les textes eux-mêmes, se faisant temple ou mémorial, brouillent la distinction théorique entre document et monument. Les monuments enfin triomphent mis en scène et en voix (théâtre, opéra, musique sacrée).