Alors que l’antisémitisme était une arme forgée par leurs principaux adversaires conservateurs catholiques, La Dépêche (Toulouse) et Le Petit Méridional (Montpellier), quotidiens populaires républicains, artisans de la prospérité du radicalisme dans le Sud-Ouest, ont politisé le « problème juif » avant même l’affaire Dreyfus. Accusant le pouvoir républicain modéré de collusion avec « la banque juive », cette presse radicale a désigné « le juif » comme une figure de l’étranger, espion à la solde de l’Allemagne et puissance financière corruptrice, menaçant la nation française et son allié russe. Mais c’est lors de l’affaire Dreyfus que les deux quotidiens radicaux ont déployé un récit, au fil des reportages, éditoriaux, chroniques…, en mesure de susciter l’aversion des lecteurs, identifiés au « nous Français », envers « le traître ». La Dépêche, qui cherchait à imposer son leadership, a alors donné de l’ampleur à son discours antisémite, représentant le juif, autant que le jésuite, comme des ennemis alliés aux modérés au pouvoir. Un double péril pour la république, en métropole et dans la colonie algérienne, selon le quotidien radical.
Tempus
Un antisémitisme républicain ?
La presse radicale du Sud-Ouest dans le contexte de l’affaire Dreyfus
Auteur : Solange DE FRÉMINVILLE
Préface de Gérard Noiriel
N° ISBN : 978-2-8107-1248-9
Format et nombre de pages : 16 × 24 cm – 156 p.
Année : 2024
Réf. : TEMP 72
26,00€
Auteur
Solange De Fréminville est docteure en histoire. Sa thèse, dirigée par Gérard Noiriel et soutenue à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en 2011, porte sur La xénophobie dans le Midi viticole (1880-1914). Pour ses recherches sur l’antisémitisme dans la presse populaire radicale du Sud-Ouest, elle a bénéficié d’une aide à la recherche de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Préface de l’historien Gérard Noiriel