Thomas Edward Lawrence (1888-1935), plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, fut successivement mythifié, démythifié, idéalisé, accusé, considéré comme un héros et un génie militaire, un saint ou un imposteur, un agent secret, un névrosé, un paranoïaque. Au-delà de ces appréciations bien souvent exagérées, son épopée et sa personnalité restent uniques et, aujourd’hui encore, permettent de jeter un éclairage déterminant sur les rivalités au Proche-Orient. Lawrence incarne un type de conflit avec ses propres imagos parentales, sa filiation mais aussi l’« establishment » et « la raison d’État » qui le broyèrent. Il a certes été un personnage vivant, historique, mais également, selon l’expression de G. Deleuze, un « personnage conceptuel » : les œuvres dans lesquelles il se dépeint, Les Sept Piliers de la sagesse et La Matrice, ou encore les centaines de lettres à ses amis ou collègues, sont le terreau à partir duquel une psychanalyse appliquée peut être envisagée.
Dans cet ouvrage l’auteur a cherché à décrire et comprendre certains aspects et dynamismes du fonctionnement psychique de l’homme en les contextualisant avec des événements marquants de son enfance et de sa vie d’homme. T. E. Lawrence apparaît pétri d’une complexité psychique réelle l’ayant amené à disparaître de son vivant en tant que héros de la Première Guerre mondiale, un de ces spiritualist revolutionaries dont la subjectivité, par l’action et l’écriture, tenta de subvertir l’ordre institué, familial d’un côté, et politico-diplomatique de l’autre, en le payant d’un prix rare : l’intégrité morale.