Cet essai décrit et critique une opération fréquente de la philosophie française contemporaine : celle d’instruire la question politique au plan de l’ontologie générale, en désignant à ce niveau un bon et un mauvais. Ainsi, la totalité est le plus souvent regardée comme mauvaise, et la singularité comme bonne. L’opération correspondante est appelée polarisation de l’ontologie : elle choisit des pôles et leur associe des valeurs positives ou négatives.
Plusieurs exemples sont pris en compte successivement : l’universel et le particulier, l’individu, la singularité, l’événement et la totalité notamment. L’auteur essaie d’analyser, à chaque fois, en quoi consiste la polarisation de l’ontologie. Il examine également jusqu’à quel point la raison épistémologique justifie la lecture politique. Il propose par ailleurs une analyse du traitement des notions en cause dans la pensée de Levinas. En discutant les tenants et les aboutissants de la démarche de polarisation, qui a fait l’objet de l’étude et de la critique, cet ouvrage incrimine la notion décisive d’aliénation, la confusion de la raison épistémologique et de la raison politique, et le remplacement du motif déontologique par un motif narratif.