La plupart des tâches d’apprentissage requièrent un effort conscient et un temps considérables pour passer d’un traitement d’abord contrôlé à un traitement automatique. Ces tâches portent sur des connaissances secondaires et pour lesquelles notre cerveau n’aurait pas eu le temps d’évoluer pour permettre la mise en œuvre d’un processus d’adaptation-imprégnation. A contrario les apprentissages adaptatifs qui ne nécessitent aucun enseignement concernent des connaissances primaires, présentes depuis des milliers d’années, comme le langage oral ou l’évaluation de petites quantités. Une limite très importante des apprentissages adaptatifs relève du fait qu’ils ne permettent pas à l’enfant d’apprendre les connaissances qui font partie de son environnement quotidien.
Au moment où un changement d’orientation politique, en France, la refondation de l’école, amène à reconstruire les cycles et à mettre l’accent sur la maîtrise du langage en vue de mieux lutter contre l’échec scolaire, il est utile de faire un point sur cette question : le langage oral a-t-il besoin d’être enseigné à l’école et si oui, sous quelle forme ? Le dossier abordera cette question en décrivant la nature réelle du rapport entre l’oral et l’écrit afin de se poser ensuite la question de la nature de l’objet oral à l’école : objet simplement « travaillé » (situations orales plus ou moins contrôlées) ou objet « enseigné » (dispositifs et contrats didactiques explicites) ? L’écrit et l’oral sont-ils si distincts et certaines formes d’oral participent-elles du domaine des « connaissances secondes » ?