Jacques Bosia (1788-1842), artiste originaire du Tessin suisse, fait partie de la cohorte des peintres arrivés en France à l’aube du XIXe siècle et que la littérature a désignés péjorativement par l’expression « barbouilleurs d’églises ». S’il faut bien admettre que les badigeonneurs se singularisaient par l’art du « peindre vite » et une maîtrise du trait loin d’égaler celle des grands maîtres, il faut aussi leur reconnaître un talent pour le décor et la théâtralisation, servi par des traits de pinceau nerveux et une palette de coloris soutenus. En Haut-Languedoc, Bosia et d’autres ont ainsi joué un rôle essentiel dans la réintroduction de la couleur dans les églises, inspirés par les fresques de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi.
Le périple de l’artiste l’a conduit dans les paroisses austères et reculées du Nord-Carmausin (Montirat et Lagarde-Viaur dans le Tarn) où il a laissé des témoignages surprenants. D’Italie, il a ramené sa culture des expressions et des compositions, son goût pour le coloris et l’ornementation. Cette œuvre, pour le moins originale, ne peut laisser indifférent tant elle constitue un art vivant. Ce beau livre a une triple vocation : il veut rendre hommage à un peintre oublié, réhabiliter le travail des « barbouilleurs » et valoriser un patrimoine dont l’état préoccupant laisse présager la disparition prochaine.