Penser la relique, c’est d’abord prendre en compte sa matérialité – son corps –, son statut lacunaire, de fragment, de rebut. Elle est trace réelle. Elle fait présence et signe une présence.
Traditionnellement, la relique est définie comme « ce qui reste du corps des saints ». Par extension son nom est également donné aux objets ayant appartenu à un saint ou ayant été en contact avec son corps. Saintes reliques, elles sont conservées dans de précieux reliquaires ou châsses faisant généralement l’objet de cultes religieux. Cependant, cette ritualisation ne relève pas des seuls monothéismes mais s’actualise également dans d’autres pratiques cultuelles exogènes.
La relique est avant tout un reste, un fragment lié à l’absence, au deuil, pouvant susciter une pluralité d’ancrages et/ou réappropriations relevant de corpus variés. De toute évidence, les arts contemporains s’emparent de la relique dans une acception assez large – reste corporel, objet, document, trace, survivance, etc. Des saintes reliques aux reliques artistiques, quelles appropriations, quelles réactualisations, quels ancrages ou « dés-ancrages » matériels, immatériels, culturels, cultuels, symboliques seraient alors (ré)activés ?
Les différentes contributions de cet ouvrage questionnent les enjeux traditionnels de la relique abordés à l’aune de regards transdisciplinaires. Sont privilégiés des croisements fertiles, innovants, dynamiques, en lesquels déplacer et dialectiser les richesses matérielles, plastiques, esthétiques et sémantiques de ce corpus. En interaction avec l’exposition Le sang des Limbes de sabÿn (exposition organisée par le CIAM à La Fabrique culturelle du 29 janvier au 16 février 2013, université Toulouse – Jean Jaurès), l’ouvrage Reliquiae : envers, revers et travers des restes affirme la volonté d’articuler pleinement pensée théorique et création artistique.
Photographie de couverture : Sans titre © sabÿn / photographie reproduite sur le carton d’invitation de l’exposition Le sang des Limbes