La France est encore, au XVIIe siècle, un territoire plurilingue où le français coexiste avec de multiples autres langues (occitan, breton, picard, basque…). Capitans gasconisant, paysans s’exprimant en dialecte d’Île-de-France ou gardes suisses déformant le français : ces personnages s’invitent régulièrement dans le théâtre parisien à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Certains auteurs semblent s’en faire une spécialité, au premier rang desquels Molière, qui recourt notamment au procédé dans L’Étourdi, Le Festin de Pierre, Monsieur de Pourceaugnac et Les Fourberies de Scapin.
Le présent numéro interroge les formes linguistiques, les usages, les modèles, mais aussi les enjeux, esthétiques, politiques et culturels, de ce multilinguisme d’un genre particulier, parce que relevant de la variation linguistique intérieure et confrontant des langues appartenant à un même territoire géographique et national. Les contributions de ce numéro sont donc consacrées aux représentations que donnent de cette confrontation le théâtre parisien et le théâtre écrit dans ces différentes langues, autour notamment des cas de Monsieur de Pourceaugnac de Molière et du « Théâtre de Béziers » (1628-1657).