Face à d’écrasants problèmes urbains, les paysanneries latino-américaines – naguère moteur de contestation, espoir de changement, objet d’’étude – ne suscitent plus l’’intérêt de la recherche et sont évoquées au détour de thèmes tels que les cultures illicites, l’’environnement ou certaines situations de violence.
Les politiques nationales oublient aussi les paysans en un temps où la croissance de la production agricole est affaire d’’entrepreneurs dotés de capital et de technique. Mais les paysans n’’ont jamais été aussi nombreux en Amérique latine et, surtout, leur part ne cesse de croître dans la production. Cet effacement des représentations est-il dû à un réel changement des regards ou bien le paysan serait-il le faire-valoir des groupes sociaux modelant son image au gré de leurs fantasmes ou de leurs intérêts ?
L’étude des expressions artistiques et des media contribue à l’ébauche de réponses, variables selon les pays. Il s’’agit aussi d’’apprécier le sens des évolutions actuelles (fronts pionniers ; mouvements indiens où le développement rural ne compte pas moins que l’’identité).
Autant qu’à la progression de la production paysanne, elles touchent à la structuration sociale et au partage des pouvoirs. Un quart de siècle après avoir étudié « La terre et les paysans en Amérique latine » (n° 28, 1977), Caravelle analyse les changements des réalités et des représentations de ce monde rural.