Le dossier 1 propose de conjuguer ensemble « sociétés civiles » et « conflits ». Bien que le concept de « société civile » soit devenu très familier, il n’est pas inutile de bien s’entendre sur son sens. Il ne suffit pas de se borner à le définir comme l’organisation autonome de la société en dehors du cadre étatique. On peut distinguer, au minimum, deux « étages » de la société civile : l’étage premier, constitué par la famille et la communauté villageoise, dans lequel l’individu commence à s’organiser ; le second étage, qui correspond à la mise en place d’organisations (religieuses, politiques, syndicales…) et ne peut exister que dans des sociétés qui jouissent d’un minimum de droits. Quant au terme « conflit », il est ici réservé plutôt aux différends violents mettant aux prises, à l’intérieur d’un État, diverses collectivités, le terme de « guerre » désignant exclusivement les combats entre États.
Dossier 2 : « Fukushima » est aujourd’hui une réalité avec laquelle le Japon doit vivre. Et nous aussi, hors des frontières de l’archipel. Car il s’agit d’une catastrophe en cours et non de quelque chose d’achevé. Cela fait plus de 4 ans que les Japonais vivent avec Fukushima. Des centrales nucléaires ont redémarré, ou sont en passe de le faire, contre la volonté d’une majorité de Japonais, contre l’avis de nombreux experts. Ce dossier explique pourquoi. La catastrophe n’a en effet pas débuté le 11 mars 2011 mais est le résultat de choix politiques, économiques, stratégiques et militaires qui plongent leurs racines au cœur de la Seconde Guerre mondiale. C’est cette histoire et notamment l’imbrication entre pouvoir politique, lobby scientifique et industriel, et intérêt local et national, que ce dossier examine afin d’éclairer sous des angles nouveaux un objet, « Fukushima », que le pouvoir politique japonais est en train de réduire à un fait divers banal.