L’expansion ample et protéiforme du mouvement humaniste à travers l’Europe des XVe-XVIe siècles est un phénomène aussi central que fascinant pour l’histoire culturelle de la Renaissance. Le présent dossier s’inscrit dans un contexte historiographique très vif, au sein duquel le paradigme de la progression spatiale à partir du berceau italien, d’une part, et l’analyse par variante nationale, d’autre part, tendent à être largement mis en discussion au profit d’une lecture par « foyers » de connexion et d’appropriation, pour décrire une floraison luxuriante, non linéaire et cosmopolite, qui a fait de l’humanisme une « culture européenne » au plein sens du terme. Dans ce cadre de réflexion, qui replace au centre de l’attention la question des motifs et des vecteurs individuels de transfert et de réception par-delà celle des origines et des espaces, il s’agit de mettre ici l’accent sur les mobilités professionnelles comme facteurs d’expansion. À la fois le rôle d’un marché international du travail intellectuel dans la promotion de l’humanisme et les multiples formes de circulations liées à l’exercice d’un métier qui ont, parfois incidemment, nourri la domination de ce modèle culturel.
Revue soutenue par l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS.