De nos jours, le paradigme du grand nombre (big data) entraîne un renouvellement des représentations médicales du corps et de la relation thérapeutique. L’avènement de la médecine dite personnalisée, de l’intelligence artificielle et de ses dispositifs algorithmiques s’accompagne de nouveaux imaginaires et rhétoriques soignants. Ces dernières déploient un discours prophétique sur les découvertes scientifiques à venir, sur la capacité des sciences à repousser les maladies et même la mort, à renforcer et normaliser les corps ; l’idée d’une médecine toute puissante, en somme. La « vérité » des corps et la résolution de leurs troubles ne se trouveraient que dans ce qui est pensé comme une double objectivation : traitement de données quantitativement nombreuses et réalisation de l’exercice par une machine non douée d’affects.
Ce numéro revient sur ces rhétoriques médicales, saisissant ces promesses intellectuelles et techniques dans le temps long, en les articulant aux relations thérapeutiques qu’elles induisent. Il enquête sur les césures que génère l’émergence des données médicales en grand nombre, comme sur les très fortes permanences de l’idée d’un « progrès » nécessairement obtenu par une mise à distance de la médiation humaine, pour saisir les corps et leurs pathologies.
Histoire, médecine et santé
n° 22 – Données médicales
XVIIe-XXIe siècle
Auteur : Hervé GUILLEMAIN, Nahema HANAFI (coord.)
N° ISBN : 978-2-8107-1225-0
Format et nombre de pages : 16 × 24 cm – 244 p.
Année : 2022
Réf. : HMS 22
Revue soutenue par l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS.
15,00€
Auteur
Hervé GUILLEMAIN est professeur en histoire contemporaine à l’université du Mans et chercheur au sein du laboratoire TEMOS. Ses recherches portent sur l’histoire de la psychiatrie.
Nahema HANAFI est maîtresse de conférences en histoire moderne et contemporaine à l’université d’Angers et chercheure au sein du laboratoire TEMOS. Ses recherches articulent l’histoire de la médecine et l’histoire du genre au siècle des Lumières.