Prologues au Brexit et à la crise de la mondialisation, les deux pièces de ce volume témoignent de l’état de l’Angleterre et du monde.
Mirror Teeth est une comédie grinçante en trois actes. À force d’expressions fossilisées et de situations stéréotypées tirées du quotidien de « la petite Angleterre », la langue acerbe de Gill invente du neuf et surtout du vrai sur le monde globalisé, la famille, la xénophobie.
Le premier acte se passe chez les Jones, une famille typiquement anglaise, structurée par le machisme du père, le racisme de la mère, la frustration sexuelle de la fille et le pédantisme du fils, jeune étudiant. Le deuxième acte entraîne la famille au Moyen-Orient. Curieusement, la maison n’a pas changé, et les préjugés non plus. Le troisième acte se déroule dans le même pays et démarre par le récit cocasse du camouflage d’un cadavre. Entre jusqu’au-boutisme colonisateur et freudisme caricatural, la comédie se fait forme par excellence du tragique.
Sand, pièce inédite jusqu’ici, prend le contrepied de cette mécanique comique bien huilée et s’attaque à la prolifération de l’arme atomique. L’action, portée par une narratrice, circule entre époques et lieux divers (Corée du Nord, Hiroshima, Newcastle) concernés par la problématique de l’arme nucléaire jusqu’à ce que le texte, comme le monde, se pulvérise en un sable apocalyptique.