La santé est un bien trop précieux pour être confié au marché. Ce jugement, auquel souscrit la majorité des Européens, ne doit pas occulter la réalité : médicaments, lunettes, transport sanitaire, assurance maladie complémentaire, mais aussi alimentation ou produits sanguins… le marché est partout, même si ses modalités sont souvent très éloignées de l’échange économique « standard ». Promesse ou menace, certains y voient même l’avenir de l’État social. Loin d’être une nouveauté, l’existence de marchés sanitaires est pourtant une réalité ancienne : depuis deux siècles au moins, le marché et la santé ont connu un développement parallèle, se contredisant quelquefois, se renforçant souvent, grâce en particulier – par un paradoxe qui n’est qu’apparent – aux lois sociales cherchant à rendre solvable une demande de santé nouvelle ou ancienne. Ils constituent ainsi deux faces majeures de notre modernité.
Ce livre réunit douze études de cas sur les liens entre santé et marché depuis la fin du XIXe siècle en France et en Europe. Éloigné de toute approche polémique ou partisane, mais aussi de théorisations scientifiques parfois trop distantes de la réalité, il offre une perspective historique, concrète et rigoureuse, sur une question au cœur d’enjeux politiques et sociaux majeurs.