Juan Andrés (Planes, Alicante, 1740 – Rome, 1817), auteur emblématique de l’École universaliste espagnole du XVIIIe siècle, fait partie de l’encyclopédisme européen jusque-là représenté par Diderot et d’Alembert. Ce jésuite qui, après son expulsion d’Espagne (1767), s’installa en Italie, allait produire parmi d’autres une œuvre monumentale sous le titre Dell’origine, progressi e stato attuale d’ogni letteratura (1782-1799).
Cette œuvre fut l’objet, à son époque, de plusieurs rééditions italiennes, de révisions jusqu’aux années 1830 et d’une traduction en espagnol en sept volumes par le frère de l’auteur, Carlos Andrés. L’apport essentiel d’Andrés à l’historiographie européenne moderne, largement reconnu grâce à l’énorme diffusion de son œuvre majeure aussi bien dans son édition princeps en italien que dans sa version espagnole, a suscité l’intérêt en France dans son époque. L’avocat italien Giuseppe Emanuele Ortolani (1758-1828) proposa une version française, bien que seul le premier tome fût publié. Il s’agit d’une édition assez insolite, tronquée et adultérée, sous le titre d’Histoire générale des sciences et de la littérature depuis les temps antérieurs à l’histoire grecque jusqu’à nos jours (Imprimerie impériale, Paris, 1805).
La profonde méconnaissance de la dimension encyclopédique de Juan Andrés, oublié depuis la seconde moitié du XIXe siècle, et ce jusqu’aux dernières années du XXe siècle, exigeait que l’on revienne en France sur la sagesse intellectuelle du jésuite Juan Andrés et que l’on modernise, tout en ajoutant un appareil critique, l’ancienne version traduite par Ortolani précédée d’une étude préliminaire.
Ce travail a reçu le VIIIe « Premio internacional Juan Andrés de Ensayo e Investigación en Ciencias Humanas » (2018) décerné par l’Instituto Juan Andrés de Comparatística y Globalización.