La mémoire n’est pas la piste la plus fréquentée par la critique pour approcher l’œuvre de Giono. L’espace, le présent et l’élan prospectif du conteur paraissent caractériser davantage l’auteur du Chant du monde ou des Grands Chemins. Mais comme l’écrit Bachelard, « dans ses mille alvéoles, l’espace tient du temps comprimé ». Tout le « Sud imaginaire » de Giono est plein d’un « passé d’anecdotes et de souvenirs » qui lui donne les dimensions d’un véritable territoire littéraire. Cet ouvrage collectif, réunissant une vingtaine de chercheurs français et étrangers, vient donc combler une lacune. Qu’elles explorent les œuvres de jeunesse ou de maturité, les récits à dimension autobiographique avérée ou les romans, les nouvelles, les chroniques, les poèmes, leurs contributions convergent en effet vers la même conclusion : la mémoire – mémoire du vécu, mais aussi mémoire historique ou mythique – y joue une partition majeure, dont le lecteur pourra mieux entendre la complexité, l’originalité et la charge émotionnelle.