« Saperlipopette, chez les coiffeurs, les clients ne parlaient que de l’enrichissement subit du bonhomme », s’exclame Aristophane dans le Ploutos. Sordide affaire de mœurs, terrible complot, effroyable empoisonnement, les bruits publics délient les langues, alimentent les conversations, volent à toute vitesse d’un lieu à l’autre ou se répandent comme un incendie qui ravage tout sur son passage.
Faire l’histoire de la rumeur en Grèce, c’est traquer, dans les textes anciens, d’Homère à Polybe, les traces volatiles d’une réputation qui peut devenir immortelle ; c’est faire émerger les ressorts d’un univers culturel et mental, avec ses valeurs et contre-valeurs, ses normes et ses modèles, ses hiérarchies et ses préjugés. Hommes politiques retors, guerriers héroïques, femmes séductrices, orateurs à succès : tous se mesurent aux rumeurs qui élèvent ou condamnent. Fugace et redoutable, la Rumeur fut même divinisée par les Grecs, comme la plus puissante des déesses.
C’est dans ses pas, à l’écoute des chuchotements intimes ou des altercations publiques, que ce livre nous invite à cheminer.