Nourri par une enquête de terrain, rare dans ce domaine, cet ouvrage questionne et analyse les stratégies des ménages ruraux les plus démunis des provinces centrales du Vietnam et celles de leurs enfants, tentés par la demande croissante de main d’œuvre jeune et peu ou non formée que génère l’économie informelle à Hô-Chi-Minh-Ville. Pour les parents, il s’agit de réduire les dépenses du foyer et de créer une source de revenu régulière ; pour les enfants, souvent dès l’âge de 14 ans, l’enjeu est d’accéder aussi rapidement que possible à l’autonomie et à un statut d’adulte.
Dans la société d’arrivée, les réseaux familiaux tentent de les protéger, souvent en vain, contre les dangers liés à leurs conditions de précarité, d’insécurité sociale et sanitaire. Au Vietnam et dans nombre de pays en développement, la migration des enfants pose non seulement la question de la mise en œuvre de dispositifs de protection publique face à l’exploitation des jeunes, mais aussi celle de la relation entre développement économique et développement social et humain.
L’enquête de Lê Đăng Bảo Châu démontre combien il est urgent de s’interroger sur les possibilités de protection sociale de ces jeunes ruraux migrants, exploités dans des ateliers qui les emploient en dehors de toute légalité.