La fin de la guerre froide semblait augurer non pas la fin de l’histoire mais la fin de la guerre, les États tirant « les dividendes de la paix » dans un monde devenu unipolaire. Certes, depuis les années 1990 les conflits inter-étatiques de type westphalien ont reculé mais ils ont laissé la place à une multitude de conflits intra-étatiques embrasant des régions entières. Après l’Europe balkanique, un arc de crise s’est dessiné à l’est de la ligne Baltique-Balkans, puis, hors d’Europe, une zone de déstabilisation s’est constituée au sud et à l’est de la Méditerranée jusqu’au Proche et au Moyen-Orient voire jusqu’au golfe Persique.
La lutte contre les groupes armés et d’organisations terroristes, qui mêlent jihadisme et trafics en tous genres, fait que les conflits actuels s’inscrivent majoritairement dans le champ de la guerre dite « asymétrique ». Celle-ci engage des adversaires de taille et de puissance inégales, qui s’affrontent pour le contrôle d’un territoire qu’il soit réel ou virtuel. Dans le cas malien, ce fut cette immense région du nord appelée « Azawad » par les Touareg, mais dans d’autres cas, cela peut être des pans entiers du cyberespace, devenu un nouveau territoire de conflictualité.
Ce numéro du Cahier d’histoire immédiate vise avant tout une analyse raisonnée des types de conflits actuels, dans toute leur diversité et leur complexité, afin de permettre au lecteur de percevoir l’importance des enjeux politiques et sécuritaires des actions militaires en cours. De ce florilège de l’interdisciplinarité naîtra peut-être une meilleure appréhension de la complexité contemporaine.