La genèse médiévale du notariat béarnais éclaire d’un jour inédit l’histoire du notariat occidental tout entier et celle de l’essor progressif du droit écrit. Si, en Gascogne comme dans le nord de la péninsule Ibérique, le droit des Fors et des Fueros apparaît comme un droit romain extrêmement ancien, la pratique de l’écriture qu’il implique aboutit, au XIIIe siècle, à un notariat « pyrénéen » fort différent du notariat méditerranéen classique.
Au-delà de cette histoire notariale, les sources juridiques révèlent aussi une société médiévale insolite. Qu’ils soient notaires ou coadjuteurs, les praticiens du droit remplissent des fonctions nombreuses et diverses, tout en jouant un rôle central de médiation. Au fil des documents et des actes notariés, l’historien met en évidence des dynamiques et des relations sociales complexes. Loin d’être figé, le Béarn médiéval connaît de constantes évolutions, sous l’influence notamment d’une paysannerie active dont l’élite constitue un rouage essentiel.
C’est à mettre en lumière cette double dimension (juridique et sociale) que s’attache ce livre, appuyé sur l’étude de quelque 70 000 actes des 149 minutiers du Béarn médiéval et sur la prosopographie de 772 praticiens béarnais de l’écriture publique.