« L’univers sans doute est immense et labyrinthique. Il reste que les brumes, les nuées qui constamment s’y effilochent et s’y recomposent, dissimulent un plan quadrillé que balisent des échos, des rappels, des repères périodiques. Le monde n’est pas une sylve inextricable et confuse, mais une forêt de colonnes dont les alignements rythmés répercutent le même message : la prééminence, sous le vacarme général, d’une architecture dépouillée. »
Roger CAILLOIS
Les essais qui constituent Cases d’un échiquier, titre de l’ouvrage de 1970, mais aussi et surtout métaphore de toute une direction de recherche, ont un statut quelque peu singulier au sein de l’œuvre de Caillois. Ils ont une double portée, celle des idées spécifiques qui s’y développent, amplifiée cependant par l’image réitérée d’un quadrillage aux cases clairsemées, que l’auteur a su parfois noircir au cours de ses voyages et ses observations. L’œuvre reproduit dans sa texture interne, hautement fragmentaire, l’immense épure d’une représentation du monde, tout aussi lacunaire aux yeux de l’observateur. C’est ainsi que, en attribuant à ces études « épisodiques » le rôle majeur de points de jonction, Caillois souhaite qu’elles aident à faire découvrir ses écrits « comme autant de réponses à l’interrogation contagieuse que déplace d’un sujet à un autre une sensibilité plus fidèle qu’elle-même ne le croit aux mêmes énigmes communicantes ».
Textes réunis par Valeria Emi SGUEGLIA (Université d’Aberdeen) et André-Alain MORELLO (Université du Sud Toulon-Var)
Œuvres de Nicola et Enzo PAGANO