La mise en marché de produits moralement sensibles, comme ceux touchant à l’intimité des personnes, à leur intégrité, à la santé ou au maintien de l’ordre public, est l’objet de cette réflexion collective qui met en regard neuf cas de « marchés contestés ».
Certains de ces marchés contestés sont effectifs, comme dans le cas du tabac, de la pornographie, des jeux d’argent ou des défunts. Certains sont potentiels dans le sens où les poissons génétiquement modifiés, les données personnelles ou le cannabis sont à la recherche des moyens de rendre acceptables les transactions marchandes. D’autres, enfin, sont bannis car la marchandisation des enfants adoptés ou des organes humains reste moralement inacceptable.
La tension entre les principes marchands et moraux au cœur des marchés contestés est dans chaque contribution éclairée par l’identification des formes de la contestation morale et des dispositifs juridiques, fiscaux, sanitaires, éthiques, rendant possible ou au contraire irréalisable l’édification d’un marché. La prise en compte de « populations fragiles », qu’il s’agit de protéger du marché, mais aussi de protéger par le marché, émerge dans tous les chapitres comme un élément explicatif essentiel des avancées et des reculs des marchés contestés.