La captation des publics

Qui, en gestion, en politique ou en sciences sociales, n’a jamais entendu parler de “captation” des clients, des électeurs, des acteurs ? Et pourtant, qui sait vraiment en quoi consiste ce geste de “captation des publics” ? Ce livre propose d’éclairer cette dernière question en prenant appui sur la parabole du Petit Chaperon rouge. En première analyse et comme dans le conte, l’identification d’un capteur et d’un capté connote la soumission d’un public passif, candide et vulnérable, aux astuces, aux outils et aux savoir-faire de professionnels experts dans l’art de la prise. Mais l’exploration minutieuse des rapports de captation révèle bien des surprises. À partir de terrains aussi diversifiés que les techniques marchandes (emballage, étiquetage, merchandising), la banque, les cybermarchés, la démocratie électronique, la téléphonie ou les marchés financiers, les auteurs nous invitent d’abord à saisir la pluralité des pratiques en cause, qui vont de l’attraction à la fidélisation, en passant par l’information et la séduction. Ils nous montrent ensuite comment ces pratiques consistent à articuler dispositifs de gestion et dispositions sociales des publics visés. Ils nous font enfin et surtout découvrir le caractère très ambigu de ces relations qui, loin de se limiter à de simples rapports de domination ou de manipulation, ouvrent rapidement sur la figure du capteur-capté.