Dans la société rurale des Punu du Congo-Brazzaville, chants et danses sont indispensables pour activer les moments de rencontres sociales. Portés par les affects et les transportant eux-mêmes, ils font naître des élans rythmés qui rassemblent les participants et les rattachent aux univers plus-qu’humains ; ils éveillent des inspirations qui régénèrent des réalités sociocosmiques partagées. En se fondant sur sa propre participation en tant que danseuse, Carine Plancke conduit le lecteur au cœur d’événements enregistrés et l’invite à suivre au plus près leur déploiement progressif. Il peut ainsi éprouver les éclosions corporelles qui les produisent et appréhender les dynamiques relationnelles qui s’y épanouissent.
Une approche théorique novatrice en découle, qui conçoit les liaisons et les résonances intercorporelles comme une véritable source de socialité. À cet égard, le livre développe des thématiques peu abordées, celles des affects, du rythme, du maternel… Oscillant entre l’exploration de formes déterminées et la plongée dans le flux d’émergence, il rejoint la dynamique régénératrice qui préoccupe les sociétés du Bas-Congo. Plus largement, l’ouvrage ouvre la voie à une « anthropologie de l’entre-deux », laquelle non seulement pense le mouvement mais est elle-même agie par le mouvement.