Il est un geste de l’esprit dont Pascal Quignard a fait sa signature : remonter le temps, rechercher « le perdu », « héler » la plénitude à jamais brisée. Dans la musique et les arts, la lecture et l’écriture, la parole et le silence, les terreurs et les désirs… Comment l’amour, cette passion fondamentale de l’âme, dans toute sa phénoménologique manifestation, eût-elle pu échapper à la conquête intellectuelle de Pascal Quignard, à sa méthode d’investigation, à son étymologisme, à ses créations lexicales (le fascinus, la « désidération », la coniventia) ?
Sur un corpus très étendu, les réflexions des neuf chercheurs français et étrangers que ce numéro rassemble s’entre-répondent sur deux axes majeurs : l’origine de l’amour et ses objets transférentiels. Ce sont aussi bien les amitiés, que l’enfant et les objets fétiches, ou les collections et autres jouets symboliques qui ont guidé ces auteurs vers le point nodal où tout amour prend forme et racine.
Offrant aux lecteurs la retranscription d’un entretien accordé par l’écrivain aux étudiants du master « Métiers de l’écriture » le 19 octobre 2012 à l’université Toulouse II-le Mirail, ce numéro est en outre enrichi par un inédit de Pascal Quignard : Le Fond magique de l’amour.