« La vertu est rigide, le vice est mou », écrit Jean-Baptiste Botul dans La Métaphysique du mou (sous la plume de Frédéric Pagès). Le « mou », comme nom et adjectif, garde une connotation péjorative car ce qui est mou reste souvent mal perçu, rejeté et peu valorisé. Dans cet ouvrage, il devient le sujet de nos études et nous oblige à réorienter les approches et les regards trop dépréciatifs, à considérer la valeur dynamique et les forces insidieuses qui se cachent derrière ce que l’on croit simplement être mou.
Nous partons donc du principe que la mollesse n’est plus aujourd’hui une question de consistance confortable, de matière ou de forme mais une dynamique attaquant ce qui semble solide ou liquide. Entre ces pôles, nous observerons comment le mou contient sa propre énergie et active dans ses déplacements une instabilité physique, voire même une confusion informe. Dans ces empâtements, cette viscosité et ces mouvements qui semblent parfois presque arrêtés, il anime des angoisses profondes qui peuvent nous instruire sur ce dont nous sommes faits. Entre l’observation des substances domestiques et l’étude des nouveaux matériaux, il est possible d’envisager des analogies corporelles nous informant sur la fragilité de ce qui nous constitue.
La dynamique du mou engagée dans ce présent ouvrage est matérielle, plastique, entropique, mutationnelle, instable, esthétique, mais aussi transdisciplinaire. Elle favorise les dialogues et tissages entre réflexions théoriques en arts plastiques, en design, en littérature, en cinéma, en histoire de l’art, en esthétique. Elle présente également les questionnements, les expérimentations de plasticiens, de designers et de chorégraphes, afin de faire interagir, sensiblement et conceptuellement, création et recherche au regard de ce mou qui nous anime.