Agostino John Sinadino

Agostino John Sinadino (1876-1956), poète nomade et cosmopolite, compatriote de Constantin Cavafy, fut l’ami d’André Gide et correspondit avec Paul Valéry. Encore peu connus en France, les poèmes et récits de ce dandy raffiné, marginal et maudit, témoignent de la continuité de cette ligne symboliste et orphique longtemps rejetée par la critique néo-réaliste de l’après-guerre. L’édition critique avec reproduction des manuscrits, traduction et notes, des cahiers inédits (1945-1953), deuxième volet d’une œuvre dont la première partie a été partiellement rééditée en Italie, vient combler cette lacune. Ces écrits, majoritairement en français, sont dédiés à la mémoire d’André Gide : une centaine de poèmes, une nouvelle fantastique et un journal inachevé, qui sont un hommage et un hymne à la grande littérature de Baudelaire à Poe, de Dostoïevski à Proust, de Mallarmé à Ungaretti. Empreints d’un mysticisme entre paganisme et christianisme – le « faune agenouillé » est la figure emblématique du poète –, ces cahiers nous livrent des moments d’une rare poésie où « Hormis l’esprit, tout est Silence ».